Lundi 6 juin 2022 est paru mon premier livre, le Guide de l’alimentation du grimpeur : mieux manger pour mieux grimper. Un nouveau type d’aventure pour moi….
Depuis que j’arpente les falaises et pentes enneigées, je fais régulièrement le même constat. Les grimpeurs, skieurs et autres amateurs de verticalité se soucient souvent de ce qu’ils mangent, choisissent en conscience l’origine et le mode de production de leurs aliments, tentent de s’approcher au mieux d’une alimentation plus naturelle mais n’appliquent pas forcément les principes d’une nutrition sportive performante. Quelques oléagineux à grignoter aux pieds des falaises pour tout repas auront même valu aux grimpeurs le surnom de « mangeurs de graines« .
Je le constate également régulièrement lors de mes consultations avec des grimpeurs de tout niveau. Au début d’un accompagnement individuel, les erreurs les plus fréquentes sur lesquelles nous travaillons sont la sous-alimentation en quantité et en qualité, le mauvais timing des prises alimentaires et les croyances erronées issues de la désinformation croissante sur internet et les réseaux sociaux. Noyés sous les informations souvent contradictoires et rarement étayées de sources valides, il devient difficile de démêler le vrai du faux. Et le principe « ça a marché pour moi, ça marchera pour vous » est difficilement applicable à la biologie humaine où tant de paramètres intrinsèques et environnementaux entrent en jeu !
Il est dommage de ne pas mettre toutes les chances de son côté pour atteindre les objectifs qui nous font rêver, et l’alimentation est un facteur clé qui est loin d’être le plus difficile à travailler !
Mieux manger peut permettre de mieux grimper, en bonne santé et plus longtemps.
C’est le message que je m’efforce de transmettre et de propager comme un écho contre une paroi.
Début 2021, un an et demi avant la sortie, je décidais de me lancer dans le travail d’écriture. J’ai pris des notes sur des cahiers, des morceaux de papier, sur mon téléphone, dans des fichiers informatiques ou des applications dédiées, collecté des données, cherché et lu des centaines d’études sur la nutrition, le sport, les effets de l’altitude, les aptitudes du corps humain. J’ai lu des étagères de livres écrits par des spécialistes sur ces sujets, continué à suivre des formations et des conférences pour avoir l’état des dernières connaissances. J’ai appliqué et adapté mes principes de nutrition, plans alimentaires, techniques et astuces pratiques à mes consultants, mes proches et amis sportifs et moi-même. J’ai cuisiné des dizaines d’essais de recettes pour atteindre des versions présentables. Période difficile pour la famille et les amis qui, même habitués à mes expériences culinaires débridées, ont joué les bêta-testeurs plus d’une fois sans le savoir (nota bene : vous pouvez revenir, c’est validé et imprimé !). J’ai cherché des réponses aux contraintes logistiques, de mode de vie ou de régime alimentaire. Jusqu’à ce que ce Guide soit à l’épreuve de la vie réelle, de la vie en pleine nature, de la vie organisée ou désorganisée, de la vie bien remplie ou trop remplie, de la vie familiale, de toutes nos vies.
Puis est venu le temps de l’écriture. Relire, trier, organiser toutes ces notes éparses ne fut pas chose facile. Choisir les chapitres traités, délaisser certains thèmes pour une lecture plus fluide. Créer les schémas et illustrations, organiser les shootings et choisir les photos, mettre en page et créer une couverture. Et oui, c’est un livre « fait maison », ou plutôt « fait en famille ».
J’ai toujours aimé les beaux textes. Ceux qui disent ce qu’ils ont à dire sans surcharge, percutants, efficaces et rythmés. Il y a quelques années, j’ai lu « Écriture » de Stephen King qui livre ses secrets d’écriture, du process intellectuel à la mise sur papier. J’en ai retenu la nécessité de phrases courtes, d’action, de couper franchement dans l’inutile, d’éviter les avalanches d’adverbes et de métaphores. Grande productrice de phrases à rallonge et de formules passives, le travail de relecture et correction de mon manuscrit fut mon big wall. Recouper toutes les phrases, éliminer tous les passages et mots non absolument nécessaires, simplifier, synthétiser, remplacer les termes trop techniques dès que possible. Pour ne pas m’éloigner de mon objectif de départ, je l’ai noté sur un post-it collé à l’écran :
Plusieurs bêta-lecteurs ont accepté de relire mon manuscrit. Certains sont grimpeurs et sportifs professionnels ou non, certains ont des connaissances en nutrition, d’autres ne sont ni grimpeurs ni formés à la biologie humaine ou la science des aliments. Ce panel m’a permis de vérifier que le Guide est accessible à tous. Si les lecteurs non intéressés par le sujet central ne s’endorment pas à la 4ème page, c’est plutôt bon signe ! Ce premier partage de mon texte et l’attente des retours fut chargé en émotions, entre doutes, fébrilité, fierté et anxiété.
Encore quelques relectures et corrections, et le manuscrit était enfin prêt pour impression. En vrai j’aurais pu continuer à relire, ajouter, retirer et retravailler pendant encore plusieurs années, mais en chargeant bien le pied et en ayant confiance en la prise il faut finalement accepter de se lancer ! (Mais puisqu’on te dit que ça passe !)
Une semaine après sa sortie, le Guide de l’alimentation du grimpeur arrive déjà en rupture de stock. Si l’ampleur du travail d’écriture, de distribution, de mise en ligne et de communication a dépassé mes prévisions, le résultat également ! La nutrition et les sports de montagne sont des sujets qui me tiennent particulièrement à cœur, je suis donc ravie de partager mon travail avec des grimpeurs de tous horizons et de voir qu’ils sont nombreux à s’intéresser à leur alimentation et à vouloir prendre soin d’eux. Avant toute innovation technique, l’équipement le plus essentiel pour une ascension c’est nous-mêmes.
Pour les échanges avec mes consultants qui nous nourrissent mutuellement, pour le soutien et l’aide apportés par ma famille et mes amis, pour cet enthousiasme des lecteurs grimpeurs, et pour tout le reste à venir, merci.
